Rester immobile, c'est reculer… pendant ce temps l'Europe investit 4,6 milliards d'euros dans les technologies net-zéro

OPINION ENERGIA

Alors que les gouvernements flamand et wallon sont en pleine activité et ont publié leurs documents de politique générale, les négociations gouvernementales au niveau fédéral et bruxellois semblent rester dans une impasse. Il en résulte du temps perdu et la stagnation de dossiers importants dans un contexte économique qui a grand besoin d’un cadre politique stable et ambitieux. Alors que certains avancent, d'autres oscillent dans l'attente d'un vent favorable. 

Au niveau flamand, la fédération Energia salue l'initiative du Forum flamand de l'industrie (le gouvernement flamand et les quatre plus grandes fédérations industrielles du pays) de discuter et de définir des ambitions communes. L'accent est mis sur le renforcement de la compétitivité, la maîtrise des coûts énergétiques, la simplification administrative, une politique d'octroi de permis réaliste et constructive, assortie d'une sécurité juridique, dans le maintien de conditions de concurrence équitables à l'échelle européenne. En ce qui concerne la transition climatique, l'accent est mis sur la mise à disposition d’instruments de financement efficaces pour le soutien au développement des nouvelletechnologies.

Au niveau wallon, le gouvernement souhaite que le Pacte énergétique interfédéral s'ouvre à toutes les solutions énergétiques bas carbone. L'accent est mis sur le renforcement de la compétitivité, la maîtrise des coûts énergétiques, la simplification administrative, une politique d'octroi de permis réaliste et constructive, assortie d'une sécurité juridique. Dans une approche multi-énergies et une politique pragmatique, les chaudières au mazout pourraient intégrer des énergies renouvelables

L'Europe ne reste pas inactive non plus. Le Clean Industrial Deal a été lancé avec l'engagement de le finaliser dans les 100 jours de la nouvelle Commission Européenne. Basé sur lAntwerp Declaration’, cet accord vise à renforcer la compétitivité industrielle européenne. Le 3 décembre, la Commission Européenne a annoncé l'octroi d'une enveloppe de 4,6 milliards d'euros pour soutenir le développement des technologies zéro émission qui sont essentielles pour garantir la compétitivité de l'industrie européenne tout en atteignant les objectifs climatiques décidés. Les propositions seront financées par le fonds d'innovation, à l'aide des recettes du système communautaire d'échange de quotas d'émission (ETS). Si la Commission Européenne se concentre principalement sur la production de cellules de batteries pour les véhicules électriques et sur l'hydrogène renouvelable, les projets de décarbonation visant à produire de l’énergie renouvelable, le stockage de l'énergie, les pompes à chaleur et la production d'hydrogène sont également éligibles. Finalement, le « Net zero Industry Act » couvre un large éventail de technologies net zéro qui devraient bénéficier d’un ‘level playing field’ et donc d'un même soutien financier. Je pense en particulier aux technologies de captage et de stockage du carbone (CCS) et aux carburants renouvelables en vue d'un déploiement dans les segments du transport difficiles à électrifier, ainsi qu'aux matières premières pour des milliers de produits de notre usage quotidien. 

Il s'agit sans doute de deux domaines dans lesquels l'Europe pourrait jouer un rôle clé en renforçant sa capacité de mettre en oeuvre des technologies innovantes de décarbonation pour progresser sur la voie de la neutralité climatique d'ici 2050.

Mais il est plus difficile d'obtenir une part des subsides européen lorsqu’on est sans nouveau gouvernement fédéral et que les orientations politiques nécessaires ne sont pas encore en place. Le temps presse. Rester immobile, c'est reculer, et notre pays ne peut pas se le permettre.

Wim De Wulf
Secrétaire-général Energia